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Je suis fière d'être un gilet jaune (point barre ./)
3 avril 2019

Manifs gilets jaunes : les medics sont-ils ciblés par les forces de l'ordre ?

source : https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Manifs-gilets-jaunes-les-medics-cibles-par-les-forces-de-l-ordre-1616006?fbclid=IwAR3Tr-BQf8wjpihOG6axKa-PqEPszBWxHdkeDNqUA0NQlLpk3LgTGY24ZiU

Paris Match | Publié le 30/03/2019 à 18h00 |Mis à jour le 31/03/2019 à 19h25

Des medics lors de l'acte 11, à Paris. (Photo d'illustration)

Des medics lors de l'acte 11, à Paris. (Photo d'illustration)Marie Magnin/AFP

Les secouristes des manifs se sont sentis particulièrement visés par les forces de l'ordre samedi dernier. Cette recrudescence de la répression qu'ils dénoncent pose de nombreuses questions sur la suite du mouvement. Leurs témoignages convergent avec la vision d'un collectif autonome de policiers.

Les street medics redoutent une répression policière très dure à leur encontre, en cet acte XX des gilets jaunes. Pourtant, Sophie - « Pitchounette » pour les intimes - avait forcé le respect, samedi dernier. Petite et menue, mais très déterminée, cette secouriste de 26 ans a porté secours à un brigadier-chef de 47 ans, victime d’un malaise cardiaque, en fin de manifestation, sur la place de la République, à Paris. Elle n’a pas craint de s’imposer alors que les policiers qui entouraient leur malheureux collègue venaient de refouler ses équipiers : « Je suis secouriste et j’ai du matériel. » Sur place, avec un médecin civil et un policier, elle a déséquipé la victime, encore consciente mais en difficulté respiratoire. « La procédure a pris du temps à cause des kilos de matériel à retirer ». Quand le policier est tombé inconscient, les massages cardiaques du médecin, puis du policier, se sont alternés avec les insufflations réalisées par Sophie. Par radio, la medic a lancé un de ses équipiers à la recherche d’un défibrillateur dans le quartier. Avant que les pompiers arrivent pour prendre en charge l’arrêt cardiaque du policier.

Sophie, alias "Pitchounette".
Sophie, alias "Pitchounette".© DR

Cette image rare d’une collaboration entre street medics et forces de l’ordre correspond au fond à ce qui anime la plupart de ces bénévoles au coeur des cortèges jaunes: la neutralité des soins. En clair : si, de fait, ils soignent une majorité de manifestants, les medics interviennent de la même façon sur les policiers qui en ont besoin. « Je n’ai pas réfléchi, l’urgence était là. Pourtant, trente minutes plus tôt, à 500 mètres, un policier m’avait visée et gazée gratuitement! » ajoute Sophie en parlant d’une « brebis galeuse ». « Je respecte à fond le travail des policiers. Quand j’entends les slogans « Flics : porcs, assassins! », ça m’irrite autant que la lacrymo! », ajoute-t-elle.

C'est le premier policier qui m'appelle pour me remercier

Si Christophe Castaner a plus tard félicité le policier et les pompiers qui ont secouru le brigadier-chef, il n’a pas eu un mot pour la medic. Pas plus de remerciements de la part des syndicats de police. Sophie n’a à ce jour aucune réponse au mail envoyé à la préfecture pour prendre des nouvelles de la victime. « J’avais notifié le numéro de matricule du policier pour prouver que j’étais présente sur l’intervention », précise la medic qui voit là peu de considération pour les civils, alors que le médecin n’a pas non plus été cité ni remercié. Seul le Collectif autonome des policiers d’Ile-de-France* (CAP IDF), très touché par le binôme medic/police, a remercié l’action du médecin et de la medic sur sa page Facebook. Avec près de 4000 partages, la publication de l’association de policiers a suscité une vague d’éloges pour la medic qui ne s’y attendait pas. Contactée jeudi par un membre du collectif, Sophie raconte : « C’est le premier policier qui m’appelle pour me remercier. Au nom de son association et au nom de pas mal de ses collègues. Je dois dire que ça fait du bien. On ne fait pas ça pour recevoir une médaille, mais ce silence des autorités et de la police me gêne un peu. »

Check entre un medic et un membre de la Bac.
Check entre un medic et un membre de la Bac.© Capture écran Facebook

Nous sommes pour l'entente entre les medics et les forces de l'ordre

Proche du mouvement des gilets jaunes dans lequel « il se reconnait », le CAP IDF ne cache pas que ses positionnements très assumés « froissent les syndicats de police ». « On a des ennemis mais beaucoup de nos collègues, de la base jusqu’aux gradés et aux patrons, vont dans notre sens. Ils ne le diront pas ouvertement car ils craignent les représailles de la hiérarchie et des syndicats », explique un policier de l'association, avant d’ajouter : « Nous sommes pour l’entente entre les medics et les forces de l’ordre car nous savons qu’ils sont indispensables pour prodiguer les premiers soins. Ils ont sauvé des vies quand les pompiers ne pouvaient pas accéder aux victimes. On pense aussi qu’ils ont secouru plusieurs de nos collègues. Si on peut être en lien avec certains medics, on le fera. On est déjà en contact avec certains gilets jaunes. »

Toutefois, le policier nuance : « Il y a medic et medic. La majorité d’entre eux sont des pros et on est là pour leur faciliter le travail sur le terrain, mais certains s’autoproclament medics alors qu’ils ne le sont pas du tout ou bien se montrent très virulents vis-à-vis des collègues qui ne savent plus trop à qui ils ont affaire. Les relations sont parfois tendues. »

On était la cible numéro 1 de la Bac!

Elles étaient en effet très tendues samedi dernier, alors que l’acte XIX se déroulait tranquillement. Beaucoup moins de manifestants et de Blackblocs que le samedi précédent, peu de dégâts matériels… Aucune commune mesure avec l’acte de "l’ultimatum". Pourtant, un peu partout en France, les medics se sont sentis pris pour cibles par les forces de l’ordre. Medic depuis le début du mouvement, Vanessa, 36 ans, ambulancière et pompier, était à Toulouse le week-end dernier. « Ces dernières semaines où les gilets jaunes sont un peu montés en pression, j’ai senti le rapport avec les forces de l’ordre se dégrader. Le week-end dernier, on était carrément la cible numéro 1 de la Bac! Ils nous ont bloqué l’accès aux victimes, se sont éclatés à nous gazer, ont tiré des palets de lacrymogènes sur nos sacs, nos casques, nous ont confisqué toutes nos protections (casques lunettes, masques) pour nous empêcher d’intervenir… »

On n'a pas besoin de vous, les medics

A Nice, Melissa, 18 ans, a eu 5 jours d’ITT. Sur son live FB, elle apparaît avec une minerve et une attèle au genou. Elle explique d’abord qu’elle a été surprise par l’agressivité des forces de l’ordre ce jour-là. « Les CRS nous parlaient très mal : “dégagez, bougez de là!”» Quand elle s’est adressée au commissaire pour lui dire que son équipe de medics était sur place pour eux s’ils avaient un souci, celui-ci aurait répondu : «Je suis le responsable, vous n’avez rien à me dire. On n’a pas besoin de vous, les medics.» Plus tard, quand la manifestation a dégénéré, aux abords de la gare SNCF, elle a reçu une pluie de coups de matraque sur la jambe alors qu’elle portait secours à une dame âgée au sol, qui suffoquait sous les gaz. A un coup près, le genou de la medic était fracturé, selon les médecins de l’hôpital, assez choqués.

Vidéo intégrée
Street Medic France (Média)@CStreetmedic

Nouvelle vidéo qui appuie les témoignages des secouristes volontaires du 06 sur les faits, au sujet des médics qui ont été empêchés d’intervenir (sur la dame âgée) par « un policier portant un brassard tricolore sur lui » (Source Alexander S. YouTube)

Toujours à Nice, Thierry, hospitalier et secouriste, faisait partie des medics qui sont partis, menottés, pour neuf heures de garde à vue. Ils voulaient porter secours à Geneviève Legay, la militante d’Attac renversée par la charge des policiers, place Garibaldi, mais l’ordre du commissaire les en a empêchés. « Vous avez du matériel que nous n’avons pas. C’est le parquet qui appréciera. » Trois jours après l’événement, l’hospitalier est encore bouleversé : « On aurait pu porter les premier soins à cette dame, c’était terrible de nous empêcher d’y aller… C’est de la non-assistance à personne en danger! Ce n’est pas ma France, ce ne sont pas les valeurs que j’inculque à mes enfants. Même les policiers étaient mal à l’aise. » Pour lui, il s’agit d’une « affaire de commandement » : « Le commissaire a mis la panique! On se connaît avec les policiers de la Bac. Quand ils nous ont vus partir, ils ont dit : « Mais non! On ne va pas arrêter les medics! Plusieurs nous ont soufflé qu’ils étaient désolés. »

On était encore plus traqués que les Blackblocs!

« C’était le pire samedi ! », lance Freddy, 40 ans, secouriste diplômé, sur les manifs parisiennes depuis l’acte IV. « On était encore plus traqués que les Blackblocs! » Issu des « quartiers populaires », le medic est exigeant sur la formation de ses équipes : identité, habilitation, entretien, période d’essai. « C’est comme dans une entreprise. Je ne conçois pas de faire prendre des risques aux autres, à cause de dissidents qui ne respectent pas la déontologie des medics et qui foutent le bordel ». Freddy a dû courir « sur plusieurs kilomètres » avec du matériel très lourd, au moment où les gilets jaunes arrivaient sur les Grands Boulevards et aux abords de la place de la République. « Je n’ai jamais eu autant de pression derrière moi. Il y avait des rangées d’hommes en noir sans inscription ni matricule. Je me suis demandé si c’étaient des forces européennes. Ils n’étaient pas là pour flashballer ou disperser, mais pour taper. » Avec d’autres medics, il s’est retrouvé coincé dans une rue après avoir évacué en courant une famille prise dans la manif. « Le quartier était segmenté par les forces de l’ordre, on était piégés. Les hommes en noir ne nous lâchaient pas, on a dû traverser le parking de l’hôpital Saint-Louis pour leur échapper », raconte Freddy qui s’est finalement abrité, avec ses équipiers, dans un café. « Le patron nous a ouvert ses portes et nous a proposé de nous changer pour repasser en civil. » Freddy raconte qu’ensuite un homme est entré dans le bar, est passé devant eux, le téléphone collé à l’oreille. Deux hommes en scooter se sont postés devant la terrasse, pianotant sur leurs mobiles. L’homme les a rejoint, a passé un appel, et les trois sont finalement repartis. « Certains medics sont recherchés », lance Freddy, convaincu qu’il s’agissait de policiers en civil. « Toute la France est montée à Paris, sur l’acte de l’ultimatum. Les équipes de medics étaient en nombre. Certains éléments ont eu des comportements inacceptables », explique-t-il.

Depuis la nomination du nouveau préfet, le mot d'ordre est d'aller au contact

« Les medics disent en effet qu’ils sont court-circuités par de petits réseaux qui salissent leur image. C’est le même principe chez les gilets jaunes. C’est aussi vrai parmi les forces de l’ordre, où certains collègues sont obtus et d’autres plus ouverts », commente le policier du CAP IDF. Interrogé sur l’amalgame entre les gilets jaunes et les medics, dans la gestion du maintien de l’ordre, le policier confie que « depuis la nomination de Didier Lallement à la préfecture de Paris, le mot d’ordre est d’aller au contact. »

Les medics, à Rennes. Acte 20.
Les medics, à Rennes. Acte 20.© Capture écran Facebook

Ex-compagne d’un policier, Céline considère que ces actes de répression sur les medics risquent au final de desservir les forces de l’ordre, qui ne vont pas s’attirer la sympathie des manifestants. Chargée de collecter, coordonner et remonter les infos de plusieurs réseaux de medics sur le terrain, elle explique : « Depuis le début du mouvement, malgré les interpellations et le harcèlement des medics, on a joué le jeu vis-à-vis des forces de l’ordre : on s’est clairement identifiés, on a communiqué avec eux pour installer la confiance entre nous, et on n’a pas été les premiers à dénoncer les violences policières. Aujourd’hui, les medics se font tirer dessus comme des lapins. On ne comprend pas. »

On s'attaque aux medics pour casser le mouvement

« Je pense que c’est purement stratégique de la part de la Bac car ils partent du principe que s’il n’y a plus de medics, le mouvement va s’affaiblir », estime Vanessa. « En ciblant les secouristes, on casse le moral des troupes », ajoute Thierry. Tous les medics interrogés sentent une volonté de « briser le mouvement ». Une possible stratégie que confirme le policier du CAP IDF : «Qu’on le veuille ou non, on est dans le domaine de la répression policière. Les CRS et la Bac sont plus répressifs que les gendarmes ou les militaires. Les autorités veulent faire peur aux medics de sorte qu’ils soient de moins en moins nombreux sur le terrain. S’il y a moins de soignants, cela peut refroidir les manifestants. »

Lire aussi.Manifs "gilets jaunes" : la nouvelle vague de street medics

Pour l’heure, cela a plutôt eu l’effet inverse car tous étaient sur le terrain en cet acte XX. « Ils se trompent quand ils pensent affaiblir le mouvement parce que quand vous sortez un medic, il y en a deux qui entrent. Il y a une solidarité particulière entre nous et on sait que le peuple, forces de l’ordre comprises, a besoin de nous. Les autorités doivent comprendre qu’on est un maillon de la chaîne et qu’on doit nous laisser faire notre boulot », conclut Vanessa. Courageux medics…

* Le CAP IDF dépend de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI).

 

Un témoignage d'une street medic (femme j'insiste) pamis tant d'autres.

L’image contient peut-être : une personne ou plus, chaussures et plein air
Marie Max Moulin
Paris

Marion Dietrich, Infirmière et street medic rouée de coups

"mis à terre et m'a donné plusieurs coups de pied dans le dos et le ventre, puis j'ai reçu un coup sur le visage ,puis j'ai ressenti une très vive douleur derrière le crâne qui m'a fait tomber à terre complètement sonnée. Le policier qui me frappait m'a donc attrapé par mon sac, et m'a traîné au sol, presque inconsciente et m'a jeté à terre en dehors du cordon de sécurité qu'avait formé ses collègues autour de nous... 
J'ai immédiatement été mise en sécurité par les gilets jaunes, et pris en charge par d'autres équipes de medic ( jen profite pour encore les remercier), on m'a emmener au Quick (qui avait accepté de servir de QG des street medic, merci à eux également ), je ressentais une vive douleur dans le dos, ma tête allait explosée, j'ai perdu connaissance quelques minutes, puis j ai été prise en charge par les pompiers qui m'ont emmené aux urgences.
Au bilan, multiples contusions dans le dos et au ventre, fracture du nez, traumatisme crânien avec contusion cérébrale, plaie au crâne recousue. Plus de peur que de mal, mais un certains traumatisme d'avoir été tabassé de cette façon par des forces de l'ordre, alors que je n'avais absolument rien fait, que j'étais identifiée medic, et que j'étais au sol incapable de me défendre face à cet agent "

 

Sophie TISSIER demandait un "Nuremberg" pour les trois pieds nickelés actuellement au gouvernement Macron et toute sa clique, je pense personnellement que si le terme peut choquer, il n'empêche qu'il faudra bien que tout ce monde rende des comptes.

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